Aptitudes réservées ou communes : voyance ou intuition ?
Lorsque nous nous confrontons à une réflexion sur la voyance et l’intuition posée en terme d’alternative, il convient de ne pas se laisser aller à une certaine facilité légitimement compréhensible car spontanée. En effet, la doxa inclinerait à émettre un avis relativement tranché d’emblée à la mise en regard de ces deux termes que sont la voyance et l’intuition : oui, dirait-on a priori, la voyance et l’intuition sont parentes. On pourrait même développer ce propos en pensant l’intuition comme le germe, sorte de hublot de la voyance qui en serait le paquebot. Or, lorsqu’on creuse un tant soit peu la question, on se rend aisément compte que la voyance s’avère toucher une partie plus ou moins importante d’entre nous, tandis que l’intuition est partagée par tous quelque soit son degré d’affleurement, d’intensité. L’intuition comme 6ème sens ressentie par tous n’est pas comparable au don inné et/ou travaillé de la voyance. Dès lors, de quoi parle-t-on lorsqu’on parle d’intuition, de 6ème sens, de voyance et de don ? Tout un champ lexical qui pourrait être mis dans un même panier mais qui en réalité configure deux ensembles complètement différents qui ne sauraient partager des point communs, tout aussi étonnant que cela puisse paraître.
Voyance ou intuition ? Le don ou le 6ème sens
En effet, si on parle de 6ème sens c’est que la référence aux cinq autres sens n’est pas si éloignée, et pour cause : l’intuition touche bien à la sphère sensitive, au domaine de la perception. La différence de taille résidant dans l’aspect évanescent de ce 6ème sens qui justifie son utilisation quelque peu mystérieuse, traduisant un certain « comme si » : comme si c’était encore un sens physique et comme si c’était déjà un peu de la voyance. Or, ce « comme si » représente pleinement l’aura de cette notion d’intuition qui doit se comprendre à part entière, comme un vocable désignant une perception propre, non comparable ni rattachable. Pour autant, comme nous le rappellent les neuroscientifiques, l’intuition n’a rien de magique, son aura tient de son essence troublante mais explicable : elle est une capacité immédiate, directe de l’intelligence à appréhender une situation, qu’elle s’apparente à du « déjà-vu » ou à du pressentiment. La neuroscience encore de nous inviter à ne pas l’associer à quelque forme de don que ce soit : l’intuition comme 6ème sens relève d’une faculté de l’esprit à percevoir d’emblée un événement, tandis que la voyance érigée en profession sous-tend une faculté hors-norme, réservée à quelques personnes.
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Voyance ou intuition : profession ou inclination ?
L’intuition pourrait être donc résumée comme étant une forme d’inclination, une prédisposition partagée, ancrée chez chacun d’entre nous qui ne saurait verser dans la sphère du don, ni donc être associée à une pratique des Arts divinatoire. Si un des seul points communs semble être la part importante donné au travail, la proximité s’arrête là. L’intuition est partagée par tous comme perception subtile d’un événement a priori ou sa reconnaissance a posteriori : pressentiment ou « déjà-vu ». C’est bien pourquoi, légitimée depuis 1994, notamment en France, la voyance, quand à elle, a pu s’ériger en véritable profession justifiant des consultations fondées sur l’échange de prédiction moyennant financement. Rien de tel pour l’intuition, bien évidemment ; car la voyance recouvre une réalité hors-norme par laquelle quelques personnes aux dons extraordinaires peuvent mobiliser des flash visuels et auditifs puissant leur permettant de pouvoir vous livrer des pans de votre avenir. En définitive, la pratique de la voyance requiert de la part du praticien une réelle prédisposition, des dons innés et/ou aiguisés par la pratique et des supports complémentaires comme la cartomancie, des connaissances connexes en numérologie, par exemple, ce qui en fait un métier particulier non comparable à la potentialité plus ou moins forte de l’intuition.