Les expériences de mort imminente
Certaines personnes en état de mort clinique, auraient vécu des expériences de mort imminente : sortie du corps, vision d’un tunnel, d’une lumière blanche, sensation de baigner dans un océan d’amour infini….Penchons-nous sur ce sujet fascinant. Vous avez certainement entendu parler des expériences de mort imminente (EMI) EMI ou NDE en anglais : Expériences de Mort Imminente (Near Death Experience) en anglais. Elles désignent tout un panel de sensations et de visions que certaines personnes semblent avoir vécu durant un épisode de mort clinique ou de coma avancé : décorporation, flottement, vision d’une lumière blanche, rencontre avec des défunts ou des entités spirituelles.
Au cours de l’histoire de l’humanité, des témoignages ont afflué ici et là, mettant en mots cette sensation que la vie continuait sur un autre plan, alors que le corps était en fin de course. Le phénomène n’est pas nouveau. En feuilletant quelques livres d’histoire, on peut tomber sur quelques récits extraordinaires. Au Ve siècle avant Jésus-Christ, Proclus, un philosophe grec a relaté l’expérience d’un certain Cleonyme, qui alors qu’il se croyait mort, s’est vu s’élever au dessus de son corps. Il a pu rapporter tout ce qui s’était dit autour de son corps inanimé, et il a également expliqué avoir été au cœur de couleurs, de paysages d’une beauté inouïe, que les humains n’étaient pas en mesure de percevoir. Ces sorties du corps vécues par des individus aux portes de la mort ont toujours existé. C’est au XIXe siècle que le sujet a commencé à être étudié.
Une étude pour analyser l’experience de mort imminente
En 1896, un psychologue et épistémologue français, Victor Egger, a écrit « Le moi des mourants ». Il s’est basé sur l’histoire de plusieurs dizaines d’alpinistes, qui, quelques années plus tôt, lors d’une chute, avaient vécu ce que nous appelons aujourd’hui une « EMI » expérience de mort imminente. Ils ont expliqué avoir ressenti une sensation de flottement, d’amour infini et ils auraient aussi revécu en accéléré leur existence sur terre. D’autres chercheurs ont pris le relai au cours du XXe siècle. Des psychiatres américains ont recueilli les témoignages d’accidentés de la route qui auraient vécu des décorporations.
Bien entendu, les débats ont été houleux car déjà à l’époque, la communauté scientifique a tenté de trouver les causes physiologiques et psychologiques à de tels états. D’autres scientifiques (qui étaient tout de même une minorité) ont quant à eux mis de côté l’explication neurologique et ils se sont aventurés sur une autre piste en posant cette question fondamentale : la conscience peut-elle être indépendante de l’activité cérébrale ? L’idée que la vie pouvait continuer après la mort a jailli de mille feux, causant au passage des diatribes houleuses entre esprits cartésiens et spiritualistes convaincus.
C’est en 1975 que ce sujet s’est véritablement démocratisé. Cette année-là, le Docteur Raymond Moody, médecin et psychiatre, a jeté un pavé dans la mare avec son livre « La vie après la vie. » Ce titre est devenu un best-seller dans le monde entier. Le Docteur Raymond Moody a recueilli durant des années les témoignages de personnes ayant vécu une expérience de mort imminente. Il a synthétisé ces informations et il en mis en exergue les points communs entre les différents expérienceurs (nom donné à celles et à ceux qui ont vécu une EMI : sentiment de paix profonde, décorporation, vision d’un tunnel ou d’une lumière blanche, incapacité à expliquer avec des mots ce qu’ils ou elles avaient vécu, contacts avec des défunts ou des êtres de lumière, sensation de visionner le film de leur vie, capacité à voir et à entendre tout ce qu’il se passait autour de leur corps, rencontre avec un être qui leur a expliqué que le temps n’était pas venu pour eux de quitter la terre….etc. Cette caution morale provenant d’un médecin a ouvert le débat et les langues se sont déliées. De nombreuses personnes ayant vécu ce genre d’expériences ont commencé à parler, sans tabou.
Des témoins de l’invisible de l’expérience de mort imminente
Les expérienceurs qui ont vécu une EMI lumineuse ou plus sombre (certains parlent d’une traversée de l’enfer) ont regagné leur enveloppe corporelle avec un regard nouveau sur le sens de la vie. Lors d’une EMI, bon nombre d’entre eux ont vu défiler leur vie et ont vécu une sorte d’auto-jugement en prenant conscience des conséquences de leurs actes sur leur entourage. Leurs anciennes certitudes sont tombées en poussière. Leur conscience s’est ouverte. Certains d’entre eux ont souhaité apporter leur témoignage. Nicole Dron a été l’une des premières personnes à parler publiquement et ouvertement de son expérience entre terre et ciel, avec son livre « 45 secondes d’éternité » mais aussi par le biais de conférences ou d’émissions radios.
En 1968, Nicole Dron était enceinte de son second enfant. Peu de temps avant le terme de sa grossesse, elle a fait deux hémorragies importantes. Opérée en urgence, elle a fait un arrêt cardiaque durant lequel, elle explique être sortie de son corps et avoir été propulsée à toute vitesse vers une lumière remplie d’amour. Elle a alors vu son frère, décédé à l’âge de sept mois, le frère défunt de son époux et des êtres lumineux. À un moment, un être de lumière lui a posé la question qui est restée gravée dans son esprit pour le restant de sa vie : “« comment as-tu aimé et qu’as-tu fait pour les autres ? »”
Nicole Dron a ensuite pu être réanimée. Dès lors, elle a gardé en elle cette « Présence » qu’elle a ressentie lors de son expérience de mort imminente. Comme elle l’a écrit : “« cette expérience a suscité en moi le désir de la transparence, le désir d’Etre mais aussi le goût du partage et du don de soi. »” D’autres personnes, parfois connues, ont elles aussi tenu à rendre publique leur expérience de mort imminente. C’est le cas de Philippe Labro, journaliste et cinéaste. Lors d’une grave pneumopathie, durant laquelle il a traversé des épisodes comateux, il a vécu une expérience de mort imminente. Il raconte dans son livre « La Traversée » qu’il s’est senti sortir de son corps et qu’il a été aspiré dans un endroit cotonneux imbibé d’amour et de lumière. Revenu à lui, il s’est senti pousser des ailes. Mais comme de nombreux expérienceurs, il a eu du mal à vivre le quotidien comme avant son expérience de mort imminente.
Du côté des recherches scientifiques sur l’expérience de mort imminente
De nombreuses recherches sont menées depuis ces dernières années sur ce sujet passionnant. Le cardiologue néerlandais, Pin van Lommel est le fer de lance de la première véritable étude sur les expérience de mort imminente. Elle a d’ailleurs été publiée en 2001 dans la revue médicale « The Lancet. » Avec son équipe, il a suivi 344 patients qui ont pu être réanimés suite à un arrêt cardiaque. D’après les conclusions de l’enquête, 12 % d’entre eux semblent avoir vécu une expérience de mort imminente. Pin Van Lommel a alors établi une théorie qui fait jaser la communauté scientifique : si la conscience est toujours active alors que l’activité neuronale du cerveau est au point mort, c’est parce qu’elle existerait en dehors du cerveau. Bien entendu, de nombreux scientifiques ont réfuté cette hypothèse.
Le Docteur Sam Parnia, professeur adjoint à l’école de médecine de l’université Stony Brook et directeur de recherche en réanimation cardio-vasculaire a poussé l’enquête encore plus loin. Il a voulu comprendre comment des expérienceurs pouvaient entendre les paroles des médecins, voir leurs proches, être observateurs des opérations chirurgicales menées dans le moindre détail alors qu’ils se trouvaient en état de mort clinique. Il a lancé le projet AWARE (Awareness during Resuscitation) et il a ainsi pu étudier le cas de plusieurs centaines personnes qui se sont retrouvées en arrêt cardiaque. Des marqueurs visuels et sonores ont été disposés sur celles-ci. Les résultats viennent d’être publiés.
Des études sur l’expérience de mort imminente
Suite à cette étude, malgré encore une fois le manque de preuves scientifiques, des indices prouveraient que les expériences de mort imminente sont réelles, elles ne seraient donc plus à classer dans la catégorie « phénomènes hallucinatoires ». Autre étude récente et fort intéressante, celle menée par le neurologue belge Steven Laureys. Ce dernier conduit le groupe « Coma Science Group » au CHU de Liège. Avec son équipe, il a recueilli le témoignage de près de 300 personnes qui ont été en situation de mort clinique. Il a aussi fait le parallèle entre ces expériences et la stimulation de certaines zones du cerveau car il a constaté que des personnes épileptiques avaient pu vivre ce même genre d’expériences, sans être aux portes de la mort.
Vous le voyez, la science avance peu à peu. Le XXIe siècle devrait être synonyme de belles découvertes !